L’obsession du déficit zéro au détriment des jeunes du Québec

Joliette, le 24 octobre 2014 – Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) impose aux Carrefours jeunesse-emploi (CJE) une désorganisation totale. Les jeunes ne sont plus une priorité pour le MESS. Cette désorganisation aura d’importantes répercussions sur les services offerts aux jeunes dans les carrefours jeunesse-emploi. Ce sont les jeunes, encore une fois, qui écoperont le plus de ces mesures d’austérité. Les carrefours jeunesse-emploi souhaitent proposer des alternatives au ministère afin de continuer à mettre l’accent sur les services offerts aux jeunes.

Dans le cadre des travaux de la Commission permanente de révision des programmes, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale a convié, le 21 octobre dernier, le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec à une rencontre d’information sur les carrefours jeunesse-emploi du Québec. L’enjeu majeur de cette rencontre : revoir de fond en comble la mission des carrefours jeunesse-emploi à compter du 1er avril prochain.

« Depuis 1996, nous aidons tous les jeunes de la Matawinie peu importe leur statut. À compter du 1er avril prochain, nous devrons trier les jeunes en fonction de leur statut socioéconomique. Nous avons toujours offert le même service à tous les jeunes en fonction de leur besoin et de leur volonté d’améliorer leur situation socioprofessionnelle. C’est un très gros recul pour notre société », explique Bruno Ayotte, directeur général du Carrefour jeunesse-emploi Matawinie.

En effet, le ministère impose aux CJE un modèle administratif basé sur des ententes de services régionales. Emploi-Québec contrôlera le référencement des jeunes, ce qui éliminera l’autonomie d’intervention des CJE pourtant reconnus pour leur expertise auprès de tous les jeunes, incluant les jeunes à risque. Des délais importants d’accès aux services sont inévitables pour les jeunes recrutés par les CJE. Des impacts majeurs se feront sentir auprès des jeunes « sans chèque ».

L’imposition d’un type de clientèle sélectionné par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale vient diminuer l’universalité de la clientèle, principe essentiel à tous les carrefours jeunesse-emploi du Québec, soit celui d’accueillir tous les jeunes, sans égard à leur statut socioéconomique.
L’action des Carrefours jeunesse-emploi est nécessaire et essentielle pour diriger les jeunes vers l’emploi. La mission du Carrefour jeunesse-emploi Matawinie, depuis 1996, est de favoriser le développement de l’autonomie personnelle, sociale, économique et professionnelle des jeunes, et ce sans discrimination de statut socio-économique. Le modèle administratif proposé par le ministère de l’Emploi fragilisera des jeunes qui sont déjà à risque.

« La force de notre carrefour jeunesse-emploi est de développer des partenariats créatifs axés sur les besoins réels des jeunes. Par exemple, nous aidons actuellement des jeunes à se trouver un premier emploi d’été, des étudiants à risque de décrocher ou qui ont décroché, de jeunes diplômés qui cherchent à se faire une place dans notre région, des jeunes de la Manawan qui réalisent leur projet de vie. En étant contraint de changer notre façon d’intervenir, une immense partie de notre clientèle ayant des besoins d’accompagnement adaptés à leur réalité sera laissée sans support» souligne Ginette Morin, présidente du Carrefour jeunesse-emploi Matawinie.

Les 28 et 29 octobre aura lieu le congrès annuel des carrefours jeunesse-emploi du Québec. Lors de cette rencontre, des alternatives seront envisagées et ensuite proposées au ministère afin de continuer à mettre l’accent sur les services offerts à TOUS les jeunes.

Annuellement, le Carrefour jeunesse-emploi Matawinie soutient 1 500 jeunes. La force de notre carrefour est de développer des partenariats diversifiés et durables permettant d’accompagner tous les jeunes vers un retour et maintien aux études, un retour et maintien en emploi ou la création de leur propre emploi par le démarrage d’entreprises.