Bonjour le travail en silo, au revoir la cohésion économique et sociale régionale !

Joliette, le 29 octobre 2014 – S’appuyant sur un historique de 30 ans de concertation et de développement régional, le Réseau des conférences régionales des élus (CRÉ) questionne l’orientation que s’apprêterait à prendre le gouvernement du Québec de saborder les Conférences régionales des élus ou de transférer leurs responsabilités vers les municipalités régionales de comté (MRC). Loin d’être un simple allègement de structures, il s’agit d’une remise en question de la reconnaissance régionale et une attaque directe à leur cohésion économique et sociale.

Si le gouvernement persiste dans cette position, la population de toutes régions en fera les frais. Ensemble les CRÉ gèrent plus d’une centaine d’ententes spécifiques qui permettent au gouvernement d’ajuster ses interventions pour tenir compte des disparités et des spécificités régionales. Elles constituent des outils précieux pour éviter le mur à mur.

Ces ententes touchent la persévérance scolaire, les conditions de vie des ainés, l’économie sociale, la présence des femmes dans les lieux décisionnels, la relève, la culture, l’immigration, le transport, le développement communautaire ou l’environnement. D’aucuns ont conclu, hâtivement, à l’éparpillement. C’est au contraire le résultat d’une approche globale du développement, plutôt qu’en silo, basée sur la concertation et la contribution de l’ensemble des acteurs du développement. Les résultats des dix dernières années le montrent bien, les CRÉ mobilisent plusieurs milliers de partenaires, chacune des régions profitant de leurs expertises, de leurs ressources et de leur dévouement bénévole. Concrètement, chaque dollar investi par le Fonds de développement régional (FDR), géré par les CRÉ, est quintuplé par l’ajout des contributions des partenaires.

Par médias interposés, nous assistons au retour d’une position centralisatrice. Entre une structure unique, centrée à Québec et une décentralisation vers les 87 MRC, 14 villes et agglomérations, les conférences régionales des élus sont une solution intermédiaire efficace et efficiente : suffisamment proches des milieux pour en bien connaître les besoins, suffisamment regroupées et concertées pour agir avec efficacité. Les CRÉ, qui sont les seules instances regroupant à la fois les élus municipaux et les partenaires socioéconomiques de leur région, s’inquiètent de la tendance qui semble se dessiner du côté de Québec de vouloir supprimer la présence des représentants socioéconomiques. Depuis 10 ans, les communautés régionales ont tissé des liens solides et bâti un partenariat exemplaire entre les différents acteurs. Il ne peut être balayé du revers de la main au nom d’un concept d’imputabilité réduit à sa plus simple expression. L’absence d’une instance porteuse de la vision régionale nous ramène à une approche de travail en silo. « Ce n’est pas vrai qu’une région va se mettre à travailler en silo après tant d’années à essayer de défaire cet élément-là », affirme monsieur Jacques Demers, président de la CRÉ de l’Estrie, dans un article de La Tribune. « Nous en reviendrons à du saupoudrage de fonds et occasionnerons une fragmentation des forces vives d’une région», souligne monsieur Jean-Maurice Matte, président de la CRÉ de l’Abitibi-Témiscamingue.

Enfin, si le gouvernement est sérieux dans sa volonté de préserver les missions de concertation et de développement régional, il ne peut songer à réduire les fonds qu’il y consacre. Or, 90 % du FDR va directement vers la population. Sans le financement requis, des choix déchirants devront être faits et plusieurs organisations actuellement soutenues par le FDR seront laissées pour compte.

À propos des conférences régionales des élus
Les conférences régionales des élus (CRÉ) agissent à titre d’interlocuteurs privilégiés du gouvernement en matière de développement régional pour le territoire ou la communauté qu’elles représentent. Elles sont formées en vertu de la Loi sur le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire et ont pour mission de contribuer au développement économique, social, culturel et communautaire de leur région respective.